vendredi 23 mai 2008

Comment le tuteur peut aider un apprenant à exercer son autonomie? Par Jacques Rodet

Il est communément admis que l'apprenant à distance doit être autonome. A moins de considérer l'autonomie du futur apprenant à distance comme un préalable à son inscription à une formation (cf. l'article de Françoise Demaizière : Autonomie : objectif ou prérequis ?), les concepteurs en amont et les tuteurs lors de la formation doivent s'interroger sur la manière dont ils peuvent aider les apprenants à être autonomes.

« Etre autonome » est une expression qui pose problème. En effet, aucun individu n'est autonome dans l'absolu mais toujours relativement à une tâche à réaliser et à ses conditions de réalisation. De plus, il y a une injonction paradoxale à réclamer des apprenants qu'ils soient autonomes. C'est pourquoi, je préfère l'expression, plus lourde mais plus juste à mes yeux, d'exercice de son autonomie. Cet exercice s'inscrit dans un processus où les progrès peuvent être suivis de régressions. Aussi, l'autonomie n'est pas quelque chose qui est possédée mais qui s'exerce et se vit.

Dès lors, la question que le tuteur doit se poser est : comment, comme tuteur, puis-je aider cet apprenant à exercer son autonomie dans le cadre de son parcours d'apprentissage ?

Avant d'apporter quelques éléments de réponse à cette question, il est utile de rappeler que le concepteur de formation à distance doit également avoir pour préoccupation d'aménager les conditions d'exercice de l'autonomie par les apprenants. A cet égard, le texte d'André-Jacques Deschênes indique plusieurs pistes intéressantes (DESCHÊNES, André-Jacques (1991). Autonomie et enseignement à distance. Dans La Revue canadienne pour l'étude de l'éducation des adultes, mai, vol. V, n°1, p.32-54).

Comment, comme tuteur, puis-je aider cet apprenant à exercer son autonomie dans le cadre de son parcours d'apprentissage ?

Il ne s'agit pas pour moi, ici, de donner une recette, mais bien au contraire des pistes à explorer de manière... autonome.

Une des premières choses que le tuteur peut faire est certainement de s'interroger sur ses propres connaissances sur l'autonomie de l'apprenant et à faire le point sur sur ses habiletés à l'exercice de son autonomie.

Ensuite, il peut inviter l'apprenant à faire de même en lui proposant une activité d'auto-évaluation diagnostique tant sur ce qu'il connaît de l'autonomie que sur ses expériences d'exercice de son autonomie.

Le tuteur peut alors engager un dialogue avec l'apprenant sur les difficultés que celui-ci a repéré pour agir de manière autonome dans sa formation et lui transmettre des informations et/ou lui indiquer des ressources susceptibles de lui faciliter l'exercice de son autonomie.

Très fréquemment, les obstacles identifiés par l'apprenant sont d'ordre méthodologique. Par exemple, un apprenant a un travail d'analyse à effectuer mais ne sait pas comment établir sa grille d'analyse. Il appartient alors au tuteur à lui apprendre comme la constituer.

Un autre moyen est relatif au support métacognitif. En effet, il existe de nombreux liens entre la capacité d'un apprenant a porter un regard métacognitif sur lui comme apprenant, sur les tâches qu'il accomplit, sur les stratégies qu'il utilise, sur sa capacité à organiser son apprentissage, et sur sa capacité à agir de manière autonome. (cf. mon texte Autonomie et métacognition in Chroniques et entretiens).

Il appartient donc au tuteur d'aider l'apprenant à se situer relativement à un objet d'apprentissage et à en déduire les activités à lui proposer.

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Source de la photo : http://www.photo-libre.fr


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