lundi 21 novembre 2011

La FOAD, des réalités, y compris pour les e-tuteurs. Par Jean Vanderspelden


Plusieurs de mes partenaires en région (Auvergne, Aquitaine et Bourgogne) ont indépendamment les uns des autres, rapidement attiré mon attention sur la publication d’un article récemment publié en ligne dans le "Quotidien de la formation" (www.actualite-de-la-formation.fr) du Centre Inffo. Il s’agit d’un article intitulé : "La FOAD, un mythe !" reprenant les propos de Gilbert Renaud (Eduter, Agro Sup Dijon). C'est vrai, qu'à peine sorti des 9èmes rencontres co-organisées les 14, 15 et 16 novembre par le FFFOD (www.fffod.fr) et le Conseil régional de la région Centre à Orléans, la lecture de cet article interpelle…

De mon point de vue, les arguments avancés par notre collègue Gilbert Renaud dont certains résonnent, en partie, avec notre réalité, illustrent parfaitement les propos tenus durant ces rencontres par Marcel Lebrun (http://lebrunremy.be/WordPress/) de l'Université Catholique de Louvain.

La FOAD nécessite d'abord un réingéniering pédagogique, avant de s'appuyer et de mobiliser les outils et les ressources numériques et cela, quelque soit le public visé : entreprise, université, OF, PAT, CFA, APP, Lutte contre l'illettrisme, etc... J'ai le sentiment que les exemples qui sont développés dans cet article relèvent, pour la plupart, de dispositifs traditionnels sur lesquels il y aurait eu "injonction" de faire de la distance, pour la distance, sans véritable réflexion ou possibilité de réfléchir dans le temps et collectivement, y compris avec les instances politiques, sur les plus-values possibles progressives portées la FOad, en terme d'approches multimodales, aux profits des apprenants.

Par ailleurs, cet article me semble "minimiser" les potentiels que le numérique (contenus, supports, LMS & Web 2.0) peut apporter pour co-construire de nouveaux espace-temps dans les parcours d'apprentissage et de production des apprenants, avec des accompagnements évolutifs et focalisés successivement sur la motivation et les interactions. Ce qui me gêne le plus dans cette publication, c'est la relative résistance à reconnaître la capacité des apprenants à s'autoformer, en particulier dans des espaces et des temps informels, et donc, à autoréguler, en partie dans une logique communautaire, le déroulement (d'ordre et de désordre apparents) des parcours de formation, alternant des approches individuelle et collective. Remettre en cause de la sorte la FOAD, cela peut aussi signifier sous-estimer l’importance stratégique du travail d’étayage pédagogique assuré par les tuteurs pour que les apprenants soient le plus rapidement efficaces dans ces nouveaux espace-temps d’apprentissage et de production partagés.

Certes la FOAD a des progrès à faire, en particulier sur les e-ressources mobilisables, sur les partenariats sur la professionnalisation des acteurs, sur la maîtrise des e-outils, sur l'accompagnement, sur le financement et autres... mais je soutiens que la FOAD est surtout une porte royale pour faire évoluer collectivement nos pratiques, en ouvrant nos dispositifs vers plus d'initiatives pour les apprenants, aux bénéfices de leur autonomie et du renforcement de leurs compétences, dans une dynamique d'autoformation, nécessairement accompagnée, avec des formateurs, avec des tuteurs.

de la formation traditionnelle vers l'apprenance, en passant par des dispositifs FOAD, plus souples,

Cordialement - Jean

mardi 15 novembre 2011

De la réactivité quasi instantanée du tuteur à distance. Par Jacques Rodet

Lorsque l’on interroge les apprenants à distance, une des premières qualités qu’ils souhaitent trouver chez leurs tuteurs est la réactivité qui sous-tend une très grande disponibilité. Si dans les chartes tutorales, il est souvent préciser le nombre d’heures durant lequel les tuteurs à distance doivent répondre à un message d’un apprenant, celui-ci se situe à un niveau (72h, 48h, 24h) qui met souvent la patience des apprenants à rude épreuve. 

Par ailleurs, ma pratique, tout comme les échanges sur cette question que j'ai eus avec un collègue québecois, me montrent que les réponses quasi instantanées, moins d’une heure, voire quelques minutes, si elles surprennent les apprenants, sont très appréciées d’eux, en particulier parce qu’elles interviennent au moment où ils réalisent leur activité d’apprentissage.

Faut-il donc que le tuteur à distance soit disponible en permanence, jour comme nuit, semaine comme week-end, périodes normales comme périodes de fêtes ? Faut-il que le tuteur à distance soit toujours connecté pour répondre le plus vite possible aux apprenants ? Quel devrait être le prix d’une telle disponibilité ? Une réponse rapide est-elle toujours de qualité ? Qu’est-ce qui se joue dans la quasi instantanéité ? La forme ne prime-t-elle pas le fond ? La relation ne prime-t-elle pas le contenu ?

Il est matériellement impossible à un tuteur, ne serait-ce que pour des raisons physiologiques, d’être disponible en permanence. La quasi instantanéité ne peut donc être ni réclamée par les apprenants ni exigée par l’institution ni même être contractualisée. Néanmoins, il arrive fréquemment qu’un tuteur soit derrière son écran (d'ordinateur ou de téléphone) et qu’il reçoive à ce moment-là une sollicitation d’un des apprenants qu’il encadre. Dans ce cas-là, et à mon sens, uniquement en cette circonstance, le tuteur peut s’autoriser à répondre immédiatement. La quasi instantanéité n’est donc pas exigible mais il ne faut certainement pas se l’interdire dans la mesure où elle peut être utile à l’apprenant.

Partant de là, il apparaît que cette disponibilité, à temps choisi par le tuteur, non annoncée et non contractualisée, mais survenant à l’occasion, ne devrait pas se traduire par une tarification particulière du service rendu. Dans les conditions citées, elle n’a pas d’impact sur les coûts du tutorat ni sur son modèle économique.

Répondre rapidement peut permettre à l’apprenant de se sentir mieux pris en compte mais ceci n’est valable que si la réponse du tuteur à distance est de qualité. En ce sens, il est préférable qu’elle ne soit qu’un simple accusé de réception précisant la date ou l’heure de l’envoi d’une réponse élaborée si le tuteur n’est pas en mesure de la formuler immédiatement. Si par contre, il s’agit d’une question simple ou d’une question récurrente et que le tuteur peut s’appuyer sur des modèles de réponses ou des réponses antérieures à d’autres apprenants, il est tout à fait envisageable de répondre dans la foulée de la réception du message. Un des facteurs facilitant la quasi instantanéité est donc relatif à l’instrumentation des tâches tutorales qui permet de conserver et de retrouver facilement l’historique de la relation avec l’apprenant concerné et d’accéder à des bases compilant des interventions tutorales passées et des modèles de messages servant de base à la formulation d’une réponse individualisée. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, des avancées sont à effectuer en la matière et l’absence d’outils dédiés à la capitalisation et à la gestion des interventions tutorales montre que les institutions ont encore des efforts à faire pour une prise en compte pleine et entière du tutorat à distance et des tuteurs. 

Répondre rapidement à un apprenant est également de nature à lui rendre service, au moment où il en a besoin. Quand c’est le cas, l’apprenant en est naturellement reconnaissant au tuteur. Cette reconnaissance peut agir positivement sur la relation de confiance et autoriser l’apprenant à solliciter plus aisément son tuteur lorsqu’il en a besoin. 

C’est pourquoi, il me semble que les tuteurs à distance, lorsqu’ils en ont la possibilité, et il est rare de ne l’avoir jamais, devraient réduire le plus possible leur temps de réponse sans que cela devienne ni une obsession, ni une contrainte.

Des recherches sur cette question mais aussi des témoignages d’apprenants permettraient de mieux mesurer les effets de la quasi instantanéité des réponses du tuteur à distance et de confirmer ou non les points avancés dans ce billet.

jeudi 10 novembre 2011

Est-ce que les tuteurs à distance travaillent le 11 novembre ?

Cela fait maintenant plusieurs années que je procède à des sondages sur l'activité des tuteurs durant les jours fériés. Le dernier en date remonte à l'an dernier http://blogdetad.blogspot.com/2010/11/retour-sur-le-sondage-est-ce-que-les.html

Afin de mesurer si des évolutions se font jour en la matière, je vous propose de répondre  à un nouveau sondage permettant de comptabiliser les interventions tutorales que vous aurez effectuées le 11 novembre 2011.  

Par intervention tutorale, est compris tout démarche proactive ou réactive quelque soit le moyen de communication utilisé. A ce titre : l'envoi d'un mail compte pour 1 intervention ; un appel skype de 30 mn compte également pour 1 intervention.

Merci d'avance pour vos réponses !


mardi 8 novembre 2011

Représentations préalables d'étudiants sur le tutorat à distance

Dans le cadre de mon cour "Ingénierie et stratégies de support à l'apprentissage" du master MFEG de Rennes 1, j'ai interrogé les participants sur leurs représentations préalables du tutorat à distance.

Voici ce que cela donne : 



Je constate que leurs représentations collectives sont loin d'être approximatives. Je trouve cela très réjouissant !


jeudi 3 novembre 2011

Apprentissages plus ou moins formels. Episode 3 : Les pratiques des organismes de formation. Par Jean Vanderspelden

Apprentissages plus ou moins formels Episode 3 : les pratiques des organismes de formation ou la rencontre durable de plus en plus improbable entre l’apprenant avec les formateurs, et donc, vers des responsabilités nouvelles à partager

Les autres épisodes : L’apprentissage informel vu du côté : de l’Europe et les pratiques des entreprises (épisode 1 et 2, déjà paru respectivement en mai et juillet 2011) et (sous réserve de confirmation), l’apprenant lui-même (épisode 4 : 1er trimestre 2012).



Tiré de l’album «Jugar con ma Luna»
par Astroturismlo – Eventos, via Facebook
Des questions anciennes
Bien avant que le concept d’apprentissage informel n’apparaisse, tous les acteurs de la formation, en particulier ceux des adultes, avaient en tête la question de la mobilisation optimisée de la personne dans son éducation. Si la quasi-totalité des apprentissages informels repose sur une motivation réelle, plus ou moins revendiquée, ce n’est plus la même proportion pour ceux dits formels. L’idée première serait donc de puiser dans les situations où l’on apprend naturellement, quelques invariants qui puissent être repris dans le cadre des dispositifs de formation, pour favoriser des acquis, disons moins spontanés, plus cadrés, accompagnés, voire tutorés…

La dimension, en partie, utilitaire des apprentissages
Dès les années 1973, Bertrand Schwartz estimait qu’un adulte ne se forme pas, s’il ne trouve pas dans sa formation une réponse à ses besoins dans sa situation. Le caractère utilitaire de la formation est un élément clé du passage à l’acte d’apprendre, en vue de changer durablement ses pratiques dans sa situation personnelle ou professionnelle. Cette dimension utilitaire, une parmi d’autres, n’est pas perçue de la même manière pour chaque personne. Elle varie selon sa capacité à anticiper, dans son contexte social, plus ou moins intensément les changements promis par un accroissement de ses connaissances ou de ses compétences.

Organiser et animer des dispositifs facilitant
Pour qu’une personne se reconnaisse apprenante, plusieurs approches ont été mises en œuvre, souvent de manière complémentaire ; «histoire de vie», «entretien d’explicitation», «biographie pédagogique», «apprendre à apprendre», «sentiment d’efficacité personnelle», etc… Dans tous les cas, c’est bien dans la relation et dans l’interaction que chaque personne peut s’inscrire dans une logique d’autodétermination. L’essoufflement relatif de la formule stage est réel, même si une récente étude européenne de la CEGOS repérait cette situation encore comme largement dominante pour la formation des salariés. On peut apprendre partout, même en stage ; si un train peut en cacher un autre, un apprentissage (formel) peut en porter un autre (informel). Dans notre société dite de la connaissance, cette frontière a-t-elle encore un sens ? (1)

Pour une grande partie des apprenants, en particulier les moins qualifiés, ces dynamiques qui alterneraient, associeraient ou conjugueraient intentionnellement situations formelle et informelle, semblent nécessaires et reposent sur notre capacité d’ouvrir la formation. Il s’agirait de jouer sur une combinaison évolutive des unités de temps, de lieux et d’action au bénéfice d’une plus grande souplesse et diversité des situations d’implication, d’apprentissage, de production et de validation, composant le parcours de formation. Pour une formation individuelle et flexible, les fonctions tutorales permettent de tisser les liens nécessaires pour qu’on puisse accepter, tant du côté de l’apprenant, que du coté des appreneurs, une succession d’ordre et de désordre. Cette oscillation est apparente à des degrés divers pour l’institution, pour le formateur, le tuteur, et surtout, pour l’apprenant ; le seul, au final, à redonner du sens à toutes ses activités et ses interactions. L’apport des plates-formes de télé-formation, des classes virtuelles (2), des Web-TV, des outils collaboratifs et de communication, mis en place par les organismes de formation et leurs partenaires, vise à faciliter l’autonomie graduelle des apprenants, et des communautés d’apprenants, dans ces nouveaux espaces-temps d’activité.

Des illustrations de cette bascule en cours
En tant qu’acteurs de la formation, nous sommes donc partiellement condamnés à ne pas tout cadrer, mais à organiser sur nos territoires des pratiques ouvertes avec des formes de porosités positives, où l’apprenant puisse se projeter au mieux. On peut illustrer cette évolution avec les points suivants :
  • les parcours sont, de plus en plus, individuels avec un accompagnement personnalisé qui vise à «gérer» la motivation, en début de parcours, et à réguler les interactions entre pairs durant la formation ;
  • des parcours de formation se déroulent sans la présence continue d’un formateur et associe l’intervention d’un tuteur sur les plans méthodologique, social, cognitif et technique dans une dynamique d‘autoformation accompagnée, telle que les Ateliers de Pédagogie Personnalisée (APP) peuvent la mettre en oeuvre ;
  • plusieurs prestataires interviennent en complémentarité sur le déroulement d’un parcours. La participation croissante des bibliothèques, des médiathèques, des Espaces Publiques Numériques (EPN) ou des Points d’Accès à la Téléformation (P@T) dans le déroulement des parcours individuels de formation, illustre cette tendance territoriale ;
  • l’accent n’est plus aussi fortement mis sur les contenus (toujours à concevoir, produire, actualiser et à diffuser), mais sur l’accompagnement et les interactions pour favoriser l’autoformation, l’autorégulation et la métacognition ;
  • l’amont (bilan de compétences, démarches VAE, valorisation des compétences transversales, etc…) et l’aval (certification, e-Portfolio, passeport de formation, etc…) du parcours de formation sont de plus en plus déterminants dans l’implication et la réussite de l’apprenant ;
  • et la diversité stratégique des situations d’apprentissage et de production, des modalités d’intervention est mise en oeuvre avec une alternance de situations individuelle et collective, distante & de proximité, d’ordre et désordre, de présence et d’absence, de réel et virtuel, où la juste mobilisation des outils et des ressources numériques, en particulier Web 2.0, est un élément clé.
La plus-value d’une prestation de formation, de e-formation, voire de e-conseil, se centre de plus en plus sur la régulation et, au final, sur la validation du parcours, en intégrant le fait que l’on apprend, de plus en plus, hors institution. La mise en valeur du savoir informel devient un passage obligé. Un alliage semble nécessaire entre formel et informel, sans substitution mais dans la complémentarité et la continuité, en se rappelant que nos apprentissages informels contribuent à colorer, à diversifier et à structurer nos savoirs.

Jean Vanderspelden – Consultant ITG, www.iapprendre.fr

 
Notes
(1) La systématisation des apprentissages informels – Formadi/Thot Cursus - http://cursus.edu/media/upload/2_LB-AppInfThotCursus.pdf

(2) Pour illustration, voir l’offre www.classilio.com avec l’offre «Formation-Pédagogie» sur le e-learning avec  le «Rapid e-elearning» ou parcours «Woab» et sur le tutorat à distance et son ingénierie avec les parcours «tut’».