mardi 4 septembre 2012

Apports comparés du modèle ISA et de l’ingénierie tutorale à la conception de l’aide tutorale envers les apprenants à distance. Par Jacques Rodet


J’ai déjà eu l’occasion d’indiquer, que selon moi, le tutorat à distance est, avant tout, une relation d’aide (cf. Formes et modalités de l’aide apportée par le tuteur in Le tutorat en Formation à distance, De Boeck, 2011). C’est donc avec un intérêt particulier que j’ai pris connaissance du texte de Stéphanie Mailles-Viard Metz et Chrysta Pélissier intitulé « Un modèle de caractérisation de l’aide : le cas dans l’enseignement à distance ». Ces auteurs y présentent le modèle ISA : « Le modèle ISA (Intentions Stratégies Attendus) caractérise les aides telles qu‘elles sont actuellement mises en œuvre dans les activités pédagogiques proposées dans un dispositif de formation à distance. […] Ainsi, chaque aide, quelle que soit la discipline concernée est décrite par un contexte, une ou plusieurs Intentions, une Stratégie de conception et des Attendus pédagogiques. » 

Ce modèle vise à faciliter la conception des aides offertes aux apprenants à distance. Celles-ci, qu’elles soient d’origine humaine ou médiatique, relèvent du tutorat à distance, dès lors que leur objectif principal est bien de supporter les apprenants tout au long de leurs apprentissages et de leur faciliter ainsi l’atteinte de leurs objectifs de formation. Depuis plusieurs années j’ai proposé (et mis en œuvre dans de nombreux dispositifs) un ensemble d’actions à mener pour penser, organiser, concevoir et produire les services tutoraux d’un dispositif de formation à distance ou hybride que je réunis sous l’expression d’ingénierie tutorale (cf. Propositions pour l’ingénierie tutorale in Tutorales n°7). Il me semble donc intéressant de rapprocher les éléments du modèle ISA des actions de l’ingénierie tutorale.




Il est facile de constater que les synergies entre ces deux approches se situent essentiellement au niveau II du modèle ISA et à la phase de conception de l'ingénierie tutorale. Toutefois, dans le modèle ISA, l'accent est mis principalement sur la conception de l'aide. Il ne semble pas que celle-ci fasse l'objet d'une quantification. Les éléments retenus sont semblables à ceux de modélisés dans l'ingénierie tutorale pour l'action conception des interventions (cf. http://blogdetad.blogspot.fr/2011/04/la-conception-dune-intervention.html). Le livrable "Scénario tutoral" comprend un élément supplémentaire par rapport au niveau 2 du modèle ISA, à savoir la rédaction d'une charte tutorale. Cela tient certainement au fait que ce modèle s'intéresse davantage aux aides à produire alors que l'ingénierie tutorale a pour finalité la production de l'ensemble du dispositif tutoral d'une formation à distance ou hybride.

Les actions d'analyse/définition de l'ingénierie tutorale se situent en amont du niveau I du modèle ISA. En effet, dans le premier cas, il s'agit de tenir compte de paramètres généraux alors que dans le second, les éléments à prendre en compte se situent clairement au niveau de l'intervention d'aide spécifique.

Le niveau III du modèle ISA concernant les attendus semblent correspondre partiellement aux plans de support à l'apprentissage retenus et à investir lors d'une intervention tutorale d'une part, mais aussi à des éléments complémentaires à décrire lors de la conception de l'intervention, d'autre part.

Il semble possible de combiner les différentes phases de ces deux approches de la manière suivante :
  • Analyse/définition (Ingénierie tutorale)
  • Niveau I - Intentions (Modèle ISA)
  • Niveau II - Stratégie (Modèle ISA) et/ou Conception (Ingénierie tutorale)
  • Niveau III - Attendus (Modèle ISA)
  • Plan de diffusion (Ingénierie tutorale)
Des échanges plus approfondis seraient souhaitables pour vérifier la pertinence du rapprochement effectué dans ce billet. En particulier, il serait utile de mieux préciser l'articulation entre, d'une part, la conception d'une intervention d'aide et d'autre part, la production d'un dispositif tutoral global. La question des acteurs se pose également. Le concepteur de FOAD à qui est dévolu l'ingénierie tutorale ne doit-il pas associer d'autres acteurs, en particulier les tuteurs, pour concevoir les interventions d'aide ?