jeudi 28 mai 2015

Enquête de besoins sur un outil de gestion de la relation tutorale

ENQUETE CLOSE





t@d, le réseau du tutorat à distance, travaille actuellement à la définition d’un outil au service des tuteurs qui leur permettra de conserver la mémoire de l'intégralité de leur suivi tutoral. 

Mutualisé, ce service de gestion qualitative des interventions tutorales leur permettra de personnaliser l'accompagnement de leurs apprenants. 

Afin de mieux préciser le cahier des charges de cet outil, nous vous remercions de consacrer 10 mn de votre temps pour répondre à ce questionnaire.

Bien cordialement,
Jacques Rodet et Salifou Dene, Anne-Cécile France, Jean-Paul Moiraud, Stéphanie Noirpoudre, Michel Vandriessche

mercredi 27 mai 2015

Le tutorat pour améliorer le ROI du e-learning et des moocs

Le tutorat des apprenants à distance est fréquemment négligé par les initiateurs de dispositifs car il est jugé complexe, inutile dès lors que les apprenants sont jugés autonomes, mais avant tout, onéreux. Il est vrai que le modèle économique du tutorat, peu de coûts fixes mais de nombreux coûts variables, est le reflet inverse de celui du e-learning et que ceci ne facilite donc pas sa prise en compte. Pour autant, l’économie escomptée, par l’absence de support à l’apprentissage ou son transfert sur le seul tutorat entre pairs (gratuit), est rarement au rendez-vous. En effet, l’examen des différentes formes historiques de la mise à distance de la formation, des cours par correspondance aux moocs en passant par la FAD, l’EAO, la FOAD et le e-learning, permet de dégager un invariant : sans accompagnement des apprenants, le taux d’abandon dépasse 90% des inscrits. (1)  Cette donnée est essentielle à prendre en compte lors du calcul du retour sur investissement (ROI) d’un dispositif. Les conséquences d’un abandon, même si elles ne se cantonnent pas à l’aspect financier, sont aussi sonnantes et trébuchantes. L’amélioration du ROI par le tutorat nécessite donc d’identifier précisément les coûts de l’accompagnement des apprenants mais également les gains que celui-ci procure.





Dans la suite de ce billet, après avoir identifié les coûts du tutorat, je traite plus particulièrement du calcul des bénéfices du tutorat dans le e-learning puis dans les moocs.

LES COUTS FIXES DU TUTORAT A DISTANCE

Les coûts fixes du tutorat à distance peuvent être répartis en plusieurs catégories. Tout d’abord, l’ensemble des frais relatifs à l’ingénierie tutorale dont l’objectif est la définition, la conception et la préparation à la diffusion des services tutoraux. Grâce aux différentes actions de l’ingénierie tutorale, les interventions tutorales peuvent être précisément quantifiées et le modèle économique du système tutoral défini. Autre poste de coûts fixes, les outils de communication mis à la disposition des tuteurs et des apprenants pour supporter leurs interactions. Afin de réduire le tutorat humain à sa réelle plus-value, il est utile de produire différentes ressources de support à l’apprentissage (guide de formation, FAQ, didacticiels, etc.). Les coûts de conception et de production de ces ressources sont imputables au tutorat. Enfin, la formation des futurs tuteurs, si nécessaire tant sur le plan technologique que sur celui de la posture professionnelle, constitue la dernière catégorie des coûts fixes du tutorat.

LES COUTS VARIABLES DU TUTORAT A DISTANCE

Les coûts variables du tutorat sont essentiellement constitués par les rémunérations des tuteurs. Que celles-ci soient calculées par apprenant ou par forfait pour un groupe d’apprenants, leur montant dépend du nombre d’apprenants inscrits, de la durée des interventions tutorales prévues et du niveau de productivité des tuteurs. A noter que cette dernière peut être largement améliorée par une formation adéquate des tuteurs et la mise à leur disposition de ressources facilitant la réalisation de leurs interventions auprès des apprenants (scénario, modèle de messages, fiches méthodologiques, outil de suivi de la relation tutorale, etc.). Dans le cas où les tuteurs sont multiples, il est nécessaire de les manager afin de coordonner leurs actions. Le salaire du responsable de l’équipe tutorale entre dans une deuxième catégorie des frais variables. Enfin, la gestion globale du dispositif tutoral, son évaluation et ses améliorations, la communication des résultats obtenus entraînent d’autres frais variables.

Pour aller plus loin sur la question des coûts du tutorat à distance




COMMENT AMELIORER LE ROI DE SON E-LEARNING PAR LE TUTORAT ?











eROI est un dispositif dédié à l’amélioration du rendement de vos e-learning par le tutorat. (2)


eROI est structuré en plusieurs étapes : définition des objectifs du tutorat, détermination des indicateurs d’atteinte des objectifs, calcul du coût du tutorat, calcul des bénéfices du tutorat, calcul de l’impact du tutorat sur le ROI.

Les objectifs peuvent être les suivants : baisse du nombre d’abandons, fidélisation des clients, vente de services tutoraux, argument concurrentiel pour gagner des parts de marché.

Les indicateurs d’atteinte des objectifs permettent de qualifier précisément le niveau de réussite du dispositif tutoral : pourcentage d’apprenants terminant leur parcours, nombre de clients achetant une nouvelle formation, chiffre d’affaires relatif à la dispense des services tutoraux, nombre de nouveaux clients recrutés par les campagnes marketing présentant les services tutoraux.

Le calcul du coût du tutorat est réalisé lors de l’ingénierie tutorale et réévalué en fin de formation à partir de l’équation suivante : 

Coût réel du tutorat pour un apprenant =
coûts du tutorat / % atteinte des objectifs du tutorat / nombre d’apprenants

Le calcul des bénéfices du tutorat peut être calculé par comparaison du nombre d’apprenants terminant leur formation entre un groupe d’apprenants tutorés et un autre groupe non tutoré. 

Bénéfices = nombre d’abandons groupe non tutoré – nombre d’abandons groupe tutoré
X prix de la formation/apprenant 
– coûts du tutorat

D’autres formules sont possibles, notamment pour tenir compte, non plus seulement de la persévérance dans la formation, mais également de l’atteinte des objectifs de formation évaluable à partir du modèle de Kirkpatrick.


COMMENT AMELIORER LE ROI DE SON MOOC PAR LE TUTORAT ?



mROI est un dispositif dédié à l’amélioration du rendement de vos moocs par le tutorat. (2)

Parler de ROI pour les moocs alors que le modèle économique de ces dispositifs n’est pas encore clairement établi peut paraître bien aventureux. Toutefois, les postes de recettes sont identifiables. D’une part, les services tutoraux peuvent être vendus, d’autre part, les certifications sont vendues.Dès lors, l’enjeu est d’augmenter le nombre de certifiés. Le tutorat y contribue directement car il permet aux participants de persévérer et d’aller au bout de leur parcours.

Le bénéfice du tutorat dans les moocs est calculé à partir de la formule suivante : 

Bénéfices = CA de la vente de services tutoraux
+ [(nombre d’apprenants tutorés certifiés 
– nombre d’apprenants non tutorés certifiés) 
X prix de la certification] – coûts du tutorat



Alors que le tutorat est envisagé comme un poste de coûts, il est primordial d’en identifier également les recettes et d’en calculer le bénéfice. Le tutorat est décisif, non seulement pour assurer la réussite des apprenants, mais également pour améliorer la rentabilité financière des dispositifs de formation. 

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Notes

(1) A titre d’exemple seuls 5,8% des inscrits aux moocs d’edX obtiennent une certification.

(2) Les dispositifs eROI et mROI sont proposés de manière exclusive par la société JRODET Conseil

jeudi 14 mai 2015

ZPD : espace tutoral

La ZPD (zone proximale de développement) est une notion qui nous vient des travaux de Lev Vygotski. Elle couvre l’espace qui sépare ce qu’un individu peut apprendre seul et ce qu’il peut apprendre avec l’aide d’une ou d’autres personnes. Elle est le lieu de l’étayage permettant ensuite l’exercice de son autonomie par l’apprenant.

C’est donc une notion particulièrement féconde pour penser et situer le tutorat à distance et il serait souhaitable que les personnes investissant des fonctions tutorales y soient sensibilisées.

Pour débuter, ce billet, ancien mais toujours pertinent, de Jacques Lecomte pour Sciences Humaines.


mercredi 6 mai 2015

Les différents types d’ingénierie tutorale

Depuis une douzaine d'années, j'ai progressivement conceptualisé et formalisé l'ingénierie tutorale. Ce travail de réflexion est le résultat de plusieurs processus conjoints. D'une part, mes interventions de conseil auprès d'organisations porteuses de projet e-learning, d'autre part, mes enseignements universitaires à l'UVSQ, Rennes 1 et Toulouse Le Mirail (388 étudiants formés à la conception des services tutoraux) et mes actions de formation relatives à tel ou tel autre aspect de l'ingénierie tutorale (plus d'un millier d'apprenants). A cela s'ajoute, les différents séminaires, colloques et conférences réalisés sur le sujet, les échanges avec de nombreux collègues, l'activité au sein de t@d. Plusieurs dates constituent des témoins de l'évolution de ma pensée : en 2003 la typologie des plans de supports à l'apprentissage, en 2010 mes propositions pour l'ingénierie tutorale, en 2012 le croisement des fonctions tutorales et des plans de supports à l'apprentissage, en 2014 la formalisation du processus d'audit de la performance tutorale et les méthodes de priorisation des besoins de soutien des apprenants. En 2015, les indices de gravité et de probabilité pour une étude de criticité appliquée à l'ingénierie tutorale.

Selon ma définition de 2010, « l’ingénierie tutorale rassemble les différentes actions qui peuvent être menées lors de la phase de conception d'une formation à distance ou d'une formation hybride pour penser et dimensionner les services tutoraux qui seront offerts aux apprenants ». (1) Ces actions sont rassemblées en trois livrables, i) le système tutoral qui vise à identifier les besoins de soutien des apprenants, à les prioriser et à définir les profils de tuteurs, ii) le scénario tutoral qui permet de concevoir, de positionner et de quantifier les interventions tutorales, de préciser les outils qui seront utilisés pour les réaliser et de rédiger la charte tutorale, iii) le plan de diffusion qui organise la formation des tuteurs et de leurs communautés de pratiques, l’élaboration d’outils de suivi de la relation tutorale et la définition du modèle économique du dispositif tutoral.

Si dès 2010, la notion d’évaluation n’est pas absente de mon propos (« L'ingénierie tutorale relève plus d'un processus - pro au sens de « vers l'avant » et de cessus aller, marcher - d'actions à enclencher pour améliorer la qualité du tutorat et produire un système tutoral opérationnel ») c’est au fil de mes interventions de terrain que le recours à l’audit s’est davantage formalisé et traduit par un dispositif d’Audit de la Performance Tutorale, APT’. (2)

Le travail sur le terrain m'indique que si la conceptualisation est précieuse, la mise en oeuvre de l'ensemble des actions d'ingénierie tutorale n'est pas systématique. En effet, en fonction du contexte, du temps disponible, des budgets consentis, ce ne sont que quelques actions préconisées par l'ingénierie tutorale qui sont effectivement réalisées. Par exemple, un dispositif de formation existant dont les résultats en terme de persévérance des apprenants sont faibles nécessite tout d'abord la réalisation d'un audit de performance tutorale suivi d'actions de ré-ingénierie du scénario tutoral puis d'une mise à niveau des compétences des tuteurs. Autre exemple, la diffusion prochaine d'une formation en ligne amène son institution à se poser (tardivement), la question de la constitution d'une équipe de tuteurs. Ainsi ce sont les actions de formation et de constitution d'une communauté de pratiques des tuteurs qui sont le point de départ de l'ingénierie tutorale. Dernier exemple, une organisation souhaite calculer le ROI de sa pratique tutorale. Cela passe par une identification précise des coûts du tutorat et celle des gains que sa mise en oeuvre a permis de réaliser. C'est le modèle économique qui est ainsi le point de départ d'une action plus large d'ingénierie tutorale.

Il apparaît donc que l'approche théorique que j'ai proposée en 2010 (ci-dessous l'ingénierie tutorale déductive) n'est pas le seul type d'ingénierie tutorale mis en place sur le terrain. D'un point de vue conceptuel mais également opérationnel, il est nécessaire d'adjoindre à la production des livrables la réalisation d'un audit permettant d'engager l'institution dans un processus d'évaluation et d'amélioration continu de son dispositif tutoral.

Afin d'y voir un peu plus clair, je propose ci-dessous une typologie des différentes ingénieries tutorales en fonction de la production effective ou non des trois livrables et de l’audit de performance tutorale.




























Les 4 types de niveau basique







Les 4 types de niveau intermédiaire









Le type de niveau élevé






















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(1) Rodet, Jacques (2010)  Propositions pour l'ingénierie tutorale 

(2) APT' Audit de Performance Tutorale
http://www.jrodet.fr/APT/index.htm